Buste de Mercure en bronze entouré de la triade capitoline
Buste de Mercure en bronze entouré des dieux de la triade capitoline Jupiter Junon Minerve, prétendument trouvé à Orange et initialement conservé au cabinet des antiques à Paris.
Ce tintinnabulum était autrefois placé à l’entrée d’un temple. Muni de clochettes, il est dédié au dieu Mercure au centre et aux dieux tutélaires de la cité.
Mercure est coiffé de son pétase ailé et est entouré de Jupiter dieu des dieux, Junon sur la gauche de Mercure déesse de la fécondité et Minerve sur la droite de Mercure déesse de la guerre.
Le bronze compte au moins deux phallus ailés symbole de protection contre le mauvais oeil et à rapprocher peut-être des célébrations en l’honneur de Bacchus ou Dionysos en Grèce.
Grâce aux études archéologiques sérieuses menées par les services de l’Etat par le passé on connaît l’importance que Bacchus a pu avoir à Orange, ainsi que la symbolique autour du bouc ou du phallus… Suit un texte sur le culte à Bacchus version grecque :
» Bacchus était nommé en Grèce Dionysos[4] et ses fêtes Dionysiaques. II y avait plusieurs fêtes de ce nom ; celles qui se célébraient à la ville étaient appelées les grandes Dionysiaques ou les Dionysiaques urbaines ; elles avaient lieu à Limna, dans l’Attique, où Bacchus avait un temple, le 12 du mois élaphébolion, qui répond au 12 du mois de mars, et huit jours avant l’époque où la même fête se célébrait en Égypte sous le nom de Pamylies.
Les grandes Dionysiaques duraient pendant trois jours. Quatorze prêtresses, choisies par l’archonte-roi et présidées par son épouse, figuraient dans cette solennité.
Ces fêtes, dans leur origine, se célébraient sans luxe et sans beaucoup d’appareil. Voici ce qu’en dit Plutarque :
« Rien n’était plus simple et en même temps plus gai, que la manière dont on célébrait autrefois, dans ma patrie, les Dionysiaques. Deux hommes marchaient à la tête du cortège, dont l’un portait une cruche de vin et l’autre un cep de vigne ; un troisième traînait un bouc ; un quatrième était chargé d’un panier de figues ; une figure du Phallus fermait la marche. On néglige aujourd’hui, continue-t-il, cette heureuse simplicité ; on la fait même disparaître sous un vain appareil de vases d’or et d’argent, d’habits superbes, de chevaux attelés à des chars et de déguisements bizarres[5]. »
Voici quelle était ordinairement l’ordonnance de cette pompe religieuse :
La marche s’ouvrait par des bacchantes qui portaient des vases pleins d’eau ; ensuite s’avançaient de jeunes vierges recommandables par la pureté de leurs moeurs et par leur naissance, appelées canéphores, parce qu’elles portaient des corbeilles d’or remplies des prémices de tous les fruits, où se trouvaient des serpents apprivoisés, différentes fleurs, quelques objets mystiques, comme le sésame, le sel, la férule, le lierre, des pavots, des gâteaux de forme ombilicale, des placenta, et notamment le Phallus couronné de fleurs.
À la suite de cette troupe de vierges, paraissaient les phallophores : c’étaient des hommes qui ne portaient point de masque sur leur visage, mais qui le couvraient avec un tissu formé par des feuilles de lierre, de serpolet et d’acanthe. Une épaisse couronne de lierre et de violette ceignait leur tête. Ils portaient l’amict[6] et la robe augurale ; ils tenaient en main de longs bâtons de la cime desquels pendaient des Phallus.
Cette partie de la solennité était nommée Phallophorie, Phallogogie, Périphallie.
Venait ensuite un choeur de musiciens qui chantaient ou accompagnaient, au son des instruments, des chansons analogues au simulacre que les phallophores étalaient, et criaient par intervalles : « Évohé Bacché, io Bacché, io Bacché ! »
À ce choeur de musiciens, succédaient les ithyphalles. Ils étaient, suivant Hésichius, vêtus d’une robe de femme. Athénée les présente la tête couronnée, les mains couvertes de gants sur lesquels des fleurs étaient peintes, portant une tunique blanche et l’amict tarentin, à demi vêtus, et, par leurs gestes et leur contenance, contrefaisant les ivrognes. C’étaient surtout les ithyphalles qui chantaient les chants phalliques et qui poussaient ces exclamations, eithé me ityphallé !
Suivaient le van mystique et autres objets sacrés.
Des groupes de satyres et de bacchantes figuraient souvent dans ces processions. Ces dernières, à demi nues ou couvertes seulement d’une peau de tigre passée en écharpe, les cheveux épars, tenant en main des torches allumées ou des thyrses, s’abandonnaient aux mouvements les plus impétueux, en hurlant des évohé, et menaçaient ou frappaient même les spectateurs. Elles exécutaient quelquefois des danses appelées phalliques, dont le principal caractère consistait en mouvements lascifs.
Les satyres traînaient des boucs ornés de guirlandes et destinés au sacrifice ; puis on voyait arriver, monté sur un âne, le personnage qui jouait le rôle de Silène, et représentait ce nourricier de Bacchus chancelant et à demi ivre.
On doit juger que de telles scènes religieuses devaient facilement dégénérer en abus : Aussi, tout ce que l’ivresse et la débauche ont de plus dégoûtant était audacieusement offert aux yeux du public. Un médecin de l’antiquité, Arétéus, dit en parlant des satyres qui accompagnaient les pompes de Bacchus, qu’ils s’y présentaient d’une manière fort indécente, dans un état apparent de désir dont la continuité étonnante était regardée comme une grâce du ciel, une marque de l’assistance divine[7]. »
La suite ici : http://ugo.bratelli.free.fr/Dulaure/PhallusGrecs.htm
Extrait de l’ouvrage, Les divinités génératrices (1805), par Jacques-Antoine DULAURE